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samedi 31 mars 2012

Ombiasa & Chamane


Si vous êtes de passage à Paris entre le 11 avril et le 29 juillet 2012, ce sera l'occasion de découvrir le chamanisme 


N'hésitez pas à visionner ces petites séquences riches en explications :

(aller au musée)

Voici la chronique "Chamanisme, rituel et cognition" selon la Revue Études mongoles et sibériennes présentée le 30.10.2014 sur Fce Culture par J. Munier

"Bien que son statut de religion soit contesté, le chamanisme est l’une des formes de relation avec l’au-delà et le monde immatériel des esprits les plus anciennes et presque les plus universelles puisqu’elle est présente sur la quasi-totalité de la planète. Le mot « chamane » provient de la langue toungouse, un peuple sibérien, et l’on s’accorde sur l’origine géographique du chamanisme qui, depuis la Sibérie a essaimé de la Baltique à l’Extrême-Orient et aurait sans doute franchi le détroit de Behring avec les ancêtres des Amérindiens pour se propager sur le continent américain. C’est dire si la pratique est ancienne, même si sa présence dès le paléolithique est discutée. Il faut rappeler ici les travaux de référence de Roberte Hamayon, qui définit le chamanisme comme le substrat religieux traditionnel des peuples autochtones de Sibérie et de Mongolie. L’intérêt de l’enquête au long cours de Charles Stépanoff tient à sa perspective dynamique. En l’étudiant sur ses terres d’origine et de nos jours, alors que les soviétiques ont tout fait pour l’éradiquer, il analyse ses transformations et sa résurgence actuelle alors qu’en principe il n’y a pas de transmission du savoir chamanique, celui-ci étant considéré comme un don, acquis dès la naissance et manifesté par différents indices remarquables.

Les Touvas sont un peuple de Sibérie méridionale habitant la chaîne montagneuse de l’Altaï et dont l’activité principale était le pastoralisme nomade jusqu’à la collectivisation du bétail et la sédentarisation imposées par le régime soviétique. Outre ce bouleversement brutal de leur mode de vie traditionnel, les autorités pourchassèrent sans répit les chamanes, exécutant ou déportant nombre d’entre eux, alors même qu’une école ethnographique s’était constituée en URSS, mais sur d’autres bases que l’ethnologie « classique », accusée d’empathie avec les indigènes. Conformément à la formule de Staline « national par la forme, socialiste par le contenu », il s’agissait de maintenir un « vernis folklorique » national, désormais relégué dans les musées d’arts et traditions populaires. Certains chercheurs tentèrent de décrire à partir de témoignages les pratiques chamaniques. C’est en étudiant leurs écrits, ainsi que ceux de leurs prédécesseurs au XIXe siècle, que Charles Stépanoff a pu comparer avec la situation actuelle.

Le chamanisme étant aussi une pratique rituelle domestique, notamment concernant le culte des morts, elle a perduré malgré la répression des chamanes. Aujourd’hui regroupés dans des villes, les chamanes Touvas ne sont plus des solitaires battant la campagne comme avant mais ils officient au sein d’associations, héritage de la période soviétique où il était préférable de se rassembler pour mieux se défendre. Ils exercent toujours les mêmes fonctions thérapeutiques et ce jusque dans les hôpitaux lorsque la médecine scientifique est impuissante. On les sollicite également pour faire advenir le bonheur, chasser les mauvais sorts ou prédire l’avenir puisque ce sont des « voyants ». En gros rien n’a changé, ou si peu. Au départ alerté par des doutes répétés quant à l’authenticité des nouveaux chamanes, souvent accusés d’être des imposteurs ou des charlatans, même par d’autres chamanes, l’ethnologue s’est aperçu que cette forme de suspicion joue un rôle essentiel dans la tradition chamanique.

Car il n’y a pas de diplôme de l’art traditionnel de guérir. Le chamane doit s’imposer, d’abord par son allure, son pouvoir, son don de voyance, son autorité et son efficacité, mais également par son parcours depuis la naissance. Charles Stépanoff retrace les grandes étapes de ce parcours à l’occasion douloureux, au plan symbolique mais aussi physique. Le jeune chamane est souvent sujet à des maladies graves avant de rencontrer la vocation qui le libère, à tout le moins à des comportements jugés bizarres, à des évanouissements, voire à des événements miraculeux, comme d’être transpercé par un arc-en-ciel. Le rite initiatique qui le fait chamane, armé de ses attributs et en premier lieu son tambour rituel, ne concerne en fait que l’objet, qu’il s’agit alors d’animer. Comme on peut le voir tout au long de cette enquête extrêmement fouillée, on est chamane par essence, même si cette fonction est éminemment sociale et le fruit d’une construction collective dont ce livre nous dévoile toutes les arcanes."

Et il existe même un chamanisme corse : le mazzérisme.
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Mise à jour le 22.05.2016 : 
   Dernièrement, dans le cadre de la célébration de l'année de la Corée, 



j'ai eu l'occasion d'assisté à une projection conférence et un concert sur les MUDANG ou chamanes coréennes.





2 commentaires:

  1. A écouter sur le même thème :

    "Chamanisme, rituel et cognition" selon la Revue Études mongoles et sibériennes présentée le 30.10.2014 sur Fce Culture par J. Munier

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    1. Merci pour le commentaire.
      J'en ai profité pour compléter l'article ci-dessus.

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