BARA de Madagascar

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samedi 26 avril 2014

Mythes & Légendes


"L'histoire devint légende, La légende devint un mythe. Et ce qui n'aurait pas dû être oublié, fut perdu." De cette célèbre phrase de J.R.R. Tolkien prit naissance le succès du fameux "Seigneurs des Anneaux"...

L’histoire est l’étude des faits et des événements du passé. L'histoire est aussi un récit (tatara), construisant une image du passé par les hommes.

A l’origine, une légende (du latin verbal « qui doit lire ») était un récit mis par écrit pour être lu publiquement. Ici, la précision historique passe alors au second plan par rapport à l’intention spirituelle. Par ailleurs, les premiers écrits malgaches étaient consignés dans le sorabe.

Quant à l'hagiographie, c'est l'écriture de la vie des saints. Et même si souvent il n'y a pas de trace écrite, chez tous les malgaches - dont les Bara - il n'est plus à démontrer la sainteté des ancêtres (Raza)

Enfin, le mythe est un récit explicatif, mais surtout fondateur d'une pratique sociale (fomba). Porté par une tradition orale, le mythe suggère une explication de certains aspects fondamentaux de la société et du monde. D'où la richesse des mythes, puisqu'ils traitent :
  • la cosmogonie (création du monde)
  • les phénomènes naturels (et surnaturels)
  • le statut de l'être humain (et notamment ses rapports avec le divin...)
  • la genèse d'une société humaine (et ses relations avec les autres sociétés)


Voici donc le Mythe d'Origine des Misaka, selon une version enregistrée à Tandrokosy et tiré de « A l’ouest de Madagascar : les Sakalava du Menabe » de Sophie Goedefroit – éd. Karthala (P252) 

«Les Bara Zafimanely sont à l’origine des Misaka. Ils étaient six hommes installés en Fiherenana. L’un d’eux, un véritable truand, avait rompu un interdit (mandoza). Il s’appelait Somondolo et s’était marié à une parente Antambay  
(groupe pré-sakalava selon Birkeli) dont il eut un fils appelé Bibiolo, dit Rabiby. On le nommait ainsi car il était féroce et sanguinaire. Preucve en est qu’il se rasait, dit-on, avec du sang humain. Somondolo et son fils étaient si fort que même l’armée royale s’agenouillait devant eux. C’est pourquoi Ramandazoala, le roi, noua avec eux un lien de parenté par le sang (fatidra) et leur donna le nom de Misaka.
Suite à son mariage avec la femme sakalava du groupe antambay, Somondolo désirait renier son appartenance au groupe bara, car il estimait que sa famille Zafimanely n’avait pas suffisamment d’égards envers lui. Afin de se « laver » de son sang bara et d’acquérir l’identité sakalava. Somondolo fut soumis à une épreuve qu’il parvint à accomplir. Il dut apporter dix têtes de bœufs multicornes. Depuis les Misaka sont devenus des Sakalava en titre, de pure souche (pura) ».


Généalogie des Zafimanely
Sophie Goedefroit rajoute à la page 253 que "Les Misaka, comme tous les groupes premiers (topo-tany)*, s’enorgueillissent d’un lien originel avec les génies de la forêt souvent présentés dans les récits sous la forme de « biby ». Leur animalité est expliquée dans la première version du mythe par l’échange des enfants et, dans la seconde, elle est le fruit de l’inceste que commit Somondolo et qui fait naître Rabiby, un être monstrueux. L’explication étymologique du nom Misaka dans le second récit, confirme encore la proximité de l’ancêtre avec la surnature, puisque c’est à la croisée des chemins, lieu où se retrouvent les génies et les sorciers, que Rabiby et sa descendance avaient coutume de se poster pour couper la route (misakan’dala) aux passants.
* (voir aussi : topo-tany)

Et si nous nous permettions le grand écart : Les mythes prennent leurs sources à l'aube de l'humanité... pour réapparaître à l'ère du multimédia. Effectivement, le mythe reste un argumentaire fondamental dans l'univers Internet.  



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