BARA de Madagascar

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dimanche 22 décembre 2013

Retour au moyen-âge

Quel devenir au lendemain des législatives ? - Ihorombe tsy mihemotsy !
Chaque 20 décembre, les réunionnais fêtent un grand évènement : la COMMÉMORATION DE L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE. Effectivement, le 20 décembre 1848 fut promulgué le décret interdisant l'asservissement d'êtres humains dans l'île voisine.













Le 20 décembre 2013, les Bara et tous les autres électeurs malgaches ont fait le choix de leurs députés. Est-ce que les urnes vont révéler un renouveau ? Ou serait-ce la confirmation d'une "nouvelle transition" pour le prochain quinquennat ?

Certains (ir)responsables malgaches ont déjà fêté à coup de feux d'artifices leur victoire, alors que bien de compatriotes ne mangent pas à leur faim et meurent de la peste... 

(lire l'article)


En attendant les résultats définitifs, voici un extrait de 11mn19 d’interview de l'anthropologue - Jacques Lombard - de l'Institut de recherche pour le développement, afin de mieux comprendre la situation socio-politique malgache actuelle :



séquence 03mn09 : « Madagascar a hérité de tout un système administratif et démocratique qui ne cesse pas de se transformer et de s’adapter à la réalité profonde de ce pays ».

séquence 04mn03 : "il faut voir les choses sur une trentaine d’année"

séquence 05mn04 : "tout est bon pour trouver des ressources".

séquence 05mn11 : "la Chine est le principal partenaire commercial actuel de Madagascar… et ce qui a permis au président de la HAT (Andry Rajoelina, qui a été marginalisé par la communauté internationale) de survivre".

séquence 06mn23 : "l’Etat et la fonction publique sont en déshérence... les rivalités, les ambitions et les convoitises qui s’expriment dans l’espace politique , au sens plus large, sont directement liés aux tentatives de contrôle de cette manne, mais sans redistribution réelle aux niveau de la population dans le cadre d’une politique de développement".
séquence 07mn30 : "20% de déficit sur la production de riz et le nouveau président sera obligé d’acheter entre 40 et 50 000 tonnes pour assurer l’étiage de la consommation".

Ensuite le journaliste lui demande s'il y a une "emprise croissante auprès de la population par les églises"

séquence 08mn03 : "on ne peut pas comprendre la situation politique à Madagascar si on n’essaie pas de comprendre le rôle des églises"

séquence 08mn49 : "un pasteur très connu à Andravoangy, Jean Joseph Randrianantoandro, a pendant 20 à 30 ans assuré et développé un mouvement "revivaliste" qui a permit une mobilisation massive à Madagascar"

séquence 09mn29 : "Ce dissident de l’Eglise Réformé a créée sa propre Église qui a été interdite par Marc Ravalomanana, lui-même étant vice-président du FJKM (Église Réformée)".

séquence 09mn51 : "le discours tenu est la "DEMONianisation" de celui d’en face : il s’agit de savoir si on était porteur du dessein de dieu et si l’autre n’était pas le démon qui interdisait dessein de dieu  de s’exprimer".

séquence 10mn23 : "il a eu une espèce de profil bas, d’accord parti entre les Églises pour ne plus apparaître directement dans le champ du politique. Mais elles continuent néanmoins à l’intérieur de leur propos et de leurs sphères à tenir un discours général qui leur permet au fond de conduire et de continuer à conduire une position de critique très nette à l’égard de la force politique  adverse".
(écouter l'émission)
Voici encore une occasion de se plonger dans la (re)lecture de l'ouvrage de référence "Bible et Pouvoir à Madagascar au XIX° siècle" de Françoise Raison-Jourde (agrégée d'histoire - maître de conférence de l'Université de Paris VII - docteur ès lettres - enseignante à Madagascar entre 1965 et 1973).


Cette photo nous renvoie à un environnement médiéval.


La peste était bien une pathologie médiévale en France. Elle est toujours présente à Madagascar comme l'a si bien expliqué le professeur Christophe ROGIER, directeur de l'IPM d'Antananarivo. 

écouter l'interview

Cet agrégé de biologie, spécialiste de la malaria, a été un de mes patrons à l'IMTSSA.

Voici un autre reportage vers Ankazobe, toujours sur la peste.


écouter FranceInfo du 18.02.2014
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Mise à jour ce 22.10.2018 :

dimanche 24 novembre 2013

Chef de région

Filoha miaramila - Ihorombe
Depuis le 20 novembre 2013 le colonel REBIRAKE a la charge de diriger le pays Bara !


Bara du mois - Ivohibe
Honorine Razafindrafara est une femme d'exception donc elle mérite d'être la Bara du mois. Effectivement, elle a bouleversé le village d'Ambatovita dans le district d'Ivohibe.


dimanche 17 novembre 2013

Futurs députés d'Ihorombe

Solom-bavam-bahoaka - Bara
Maintenant que l'élection présidentielle est terminée (choisir entre le premier candidat et le second revient au même !) il est temps de se concentrer sur le choix de votre représentant et porte-paroles.

Rater l'élection législative, c'est la garantie de vivre un quinquenat de transition (présidé, soit par un pro-Ravalomanana, soit par un pro-Rajoelina) qui plongera Madagascar dans l'abîme.

Dans la région Ihorombe, les Bara auront à choisir parmis ces trois listes en fonction de leurs districts respectifs le 20 décembre 2013.

District IAKORA
(source céni-t)

District IHOSY
(info sur Ihosy
erratum : lire MATSUBARA au lieu de MATSUBANA pour le patronyme du septième titulaire du district d'Ihosy.

District IVOHIBE
(info sur Ivohibe)

Le parti vert Hasin'i Madagasikara présentera 142 candidats aux élections législatives dans les 119 disctricts des 22 régions de Madagascar !

Pouvoir Législatif & Pouvoir Exécutif
Il est temps de rappeler aux citoyens les enjeux du 20 décembre :

  • Le deuxième tour de l'élection présidentielle désignera le chef du pouvoir  exécutif. Étant donné le choix (voir leurs candidats députés respectifs) c'est dire l'absurdité de ce scrutin !
  • L'élection législative désignera vos députés, c'est à dire le pouvoir législatif. Parmi les 2 052 candidats, seuls 151 siégeront à l'Assemblé Nationale pour :
       - Voter les nouvelles lois.
       - Proposer le ou la futur(e) Premier(e) Ministre. La majorité parlementaire doit proposer un Premier Ministre, que le nouveau président devra accepter ! 

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Mise à jour ce 06.06.2015 :

     Le district de Beroroha ne fait pas partie de la région Ihorombe, cependant, plusieurs Bara y vivent. D'ailleurs, le président du FITIBA élu en octobre 2014 s'y est présenté comme candidat. Il s'agit de Charly NAKANY.

District BEROROHA



dimanche 10 novembre 2013

Tout n'est pas perdu...

Résultats 1° tour
Libre à chacun d'interpréter ces résultats selon sa grille de lecture :

  21,10% : Jean Louis Robinson Richard (n°33)   =>   30 candidats députés ! ? !
  15,93% : Hery Rajaonarimampianina (n°3)      =>   0 candidat député  ! ! ! ! ! 
  10,51% : Hajo Herivelona Andrianainarivelo (n°6) 
  09,00% : Ratsiraka Iarovana Roland (n°5)
  06,85% : Vital Albert Camille (n°10)
  04,50% : Rabearisoa Saraha épouse Georget (n°16  =>  142 candidats députés
  04,35% : Razafindravahy Edgard Marie Noé (n°34)
  02,69% : Rajaonarivelo Pierrot Jocelyn (n°28)
  02,32% : Randriamampionona Joseph Martin (n°33)
  02,23% : Radavidson Andriamparany Benjamin (n°9)
  02,14% : Ratrema William (n°32) 
  02,13% : Voninahitsy Jean Eugène (n°27)
  01,61% : Razafimanazato Julien (n°37) 
  01,51% : Monja Roindefo Zafitsimivalo (n°20) 
  01,38% : Rabemanantsoa Brigitte (n°8) 
  01,28% : Rabetrsaroana Willy Sylvain (n°39) 
  01,15% : Ravalisaona Clément (n°1) 
  01,10% : Rakoto Andrianirina Fetison (n°7) 
  00,89% : Randriamanantsoa Tabera (n°31) 
  00,88% : Razafiarison Laza (n°19) 
  00,88% : Lahiniriko Jean (n°25) 
  00,86% : Rajaonary Patrick Ratsimba (n°15) 
  00,86% : Rajemison Rakotomaharo (n°23) 
  00,75% : Tehindrazanarivelo Alain Djakoba (n°22) 
  00,71% : Rabearison Roland Dieudonné dit Vahombey (n°4) 
  00,54% : Faharo Ratsimbalison (n°38) 
  00,43% : Raharimanana Venance Patrick (n°35) 
  00,34% : Dofo Michael Bréchard (n°12) 
  00,31% : Noëlson William (n°40) 
  00,25% : Lezava Fleury Rabarison (n°41) 
  00,24% : Ratrimoarivony Guy (n°36) 
  00,22% : Rakoto Jean Pierre (n°11) 
  00,22% : Tianasoa Freddy (n°18) 



Interviewée par RFI, Ketakandriana Rafitoson, politologue malgache explique à la séquence : 
  • 3mn48 : que les 62% de taux de participation reste un taux habituel (beaucoup de blancs et de nuls) d'où l'intérêt de s'interroger si c'est une   volonté implicite ou une forme de contestation ? (dans tous les cas, "des données non négligeables" la politologue dixit)
  • 3mn38 : peur de la politologue sur le jumellage du 2° tour de l'élection présidentielle et des élections législatives ("quel type de bulletin sera utilisé ?") 
écouter l'interview


Pour ma part, les deux premiers candidats ne sont toujours que de vulgaires candidats de substitution (voir article sur les candidats DRAMOTSY).



lire l'article
Et bien qu'absent au second tour, le franc succès du Parti Vert dans l'Ibara ne me laisse pas indifférent. 



Ce sucès du Parti Vert s'explique par le fait que les Bara ont toujours été conscient de l'intérêt de l'environnement - n'en déplaise aux détracteurs - et qu'ils se sont toujours pris en mains, comme le témoigne la Bara du mois (lire l'article sur Ivohibe et le WWF) RAZAFINDRAFARA Honorine.

Il est aussi possible de voir les résultats par régions et districts sur un excellent blog : Paesaggio

Que faire au 2° tour ?
Plus que jamais les électeurs doivent rester vigilents et ne pas hésiter à sanctionner les deux anciens régimes (donc les 2 candidats au second tour) par le biais :

  • d'un vote aux élections législatives (VOTER PARTI VERT SI C'ETAIT LE CAS AU PREMIER TOUR), ce qui permettra de ne pas se faire voler définitivement cette élection !
  • d'un vote BLANC au second tour de l'élection présidentielle (le fameux "Ni, Ni")
Inévitablement, l'un des deux sortira vainqueur, mais au moins vous aurez un vrai député ; ce qui n'est pas négligeable car c'est lui qui parlera en votre nom (solom-bava-bahoaka) quand viendra le moment d'élaborer et de valider les nouvelles lois.

Dans tous les cas, d'ors et déjà, on peut dire alors que Madagascar est rentré dans une autre transition car : 

il n'y a vraiment aucune différence, en terme de "loyauté"
entre Jean Louis Robinson Richard (poulain de Ravalomanana)
et Hery Rajaonarimampianina (poulain de Rajoelina) 




Dans 5 ans, j'espère qu'une réelle prise de conscience sera au rendez-vous !



jeudi 17 octobre 2013

Maintenant ou jamais !

Hazomanga Sagaie & Lefo
Le destin de Madagascar est entre les mains de 7 823 305 électeurs.

Pour ceux qui hésitent encore, ce pays à majorité paysanne, a besoin de la promotion du monde rural pour la sauvegarde de son environnement.

Pourquoi BEKOTO vote VERT
Bekoto fait aussi partie du groupe Mahaleo, qui a toujours été présent à chaque épisode marquant l'histoire de Madagascar...

découvrir son blog

Malgaches, ne faites pas la même bêtise que les français :
  • ils n'ont pas voté VERT et se lamentent de la situation actuelle...
  • et les français trouvent que "c'est la même chose" Sarkozy et Hollande...
  • et les français votent Front National aux élections municipales...
  • entre temps l'environnement se dégrade et toutes les créations d'emploi dans le secteur de l'environnement sont gelées par les lobbies pétroliers et autres...
Mais revenons à Madagascar car les média internationaux s'en désintéressent comme l'a si bien remarqué France Culture (BRAVO !  Véronique Rebeyrotte !). Effectivement, il faut que le désastre arrive pour paraître à l'antenne. Et c'est le cas !
Voici donc une émission à réécouter car elle donne la parole aux malgaches, pas les candidats à la présidentielle, mais ces malgaches oubliés dans leurs souffrances.
Son titre explicite nous plonge dans la triste réalité du monde rural : 
Madagascar, silence on meurt Betioky
Jean-Eric Rakotoarisoa, professeur de droit et analyste politique à l’université d’Antananarivo, résume très bien l'inefficacité du pouvoir actuel et même ceux d'avant...

écouter l'émission du 19.10.2013
Enfin, la pertinente analyse de Mireille Razafindrakoto invite à la réflexion dès la fin du premier tour des élections...


pourquoi elle soutient les Verts

Suivre l'interview de la candidate N° 16 sur TV Plus :

émission du 17 octobre 2013





Pour vous familiariser au bulletin :

Il n'y aura pas beaucoup d'électeurs dans la Région Ihorombe... 


Affaire à suivre à BENENITRA

source RFI
Photo & mozika du mois
C'est la dernière ligne droite avant le premier tour. Raison de plus pour donner un petit coup de pouce au Parti Vert malgache : 



Pour la musique du mois, le choix reste sur Matsubara qui est bien représentatif de la Région Ihorombe.





lundi 30 septembre 2013

Un parti pour la patrie

Tanindrazana - Patrie Territoire
"Si les gens avaient le choix entre une vie honnête et devenir dahalo, peu d’entre eux choisiraient cette dernière voie" disait la présidente du Parti Vert de Madagascar sur Midi Madagascar le 28 septembre 2013.

Lire son Programme
Ce programme est aussi résumé en musique et en malgache au rythme du traditionnel Hira Gasy !


écouter
Pour mieux connaître cette candidate qui représente le salut de la nature - dont les Bara et tout le peuple malgache en font partie - il ne faut pas rater la prestation de Saraha Georget Rabeharisoa sur TVM le 02 octobre à 21h30 locales.

samedi 31 août 2013

Tompontany & Terroir

Tanindrazana - Patrie Territoire

Dès 1954, l'ethnologue Jacques Faublée évoque la notion de tompotany (souvent traduit par « maîtres de la terre ») chez les Bara de Madagascar. 

Un article intitulé "Perceptions et usages de la forêt en pays bara (Madagascar)" dans la publication BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2003, N° 278 (4), de Bernad Moizo mentionne que :

   "En principe, ceux qui le (titre de tompontany) possèdent peuvent tout contrôler dans leur territoire". (p29)

Dix ans après, que reste-t-il de ce statut par rapport à la terre ?

Rappelons-nous que "l'affaire Daewoo" fut l'un des révélateurs de la politique de libéralisme à outrance de Ravalomanana et qui a conduit à sa chute justifiée.

Notons aussi au passage, que ce cas n'est pas unique au monde, et souvent les publications font toujours référence à "l'affaire Daewoo" dès lors que l'on évoque ces multinationales qui changent souvent d'identité (sous d'autres noms d'emprunt - donc avec la complicité des locaux) pour l'aquisition de terres agricoles...

Aujourd'hui dans l'Ibara, le groupe Tozzi Green promet un meilleur avenir aux Bara et dans le respect des lois malgaches selon leurs dires. En face, d'autres se plaignent de l'irrespect de cet investisseur...

Dans tous les cas, ces deux versions révèlent bien un malentendu, une mésentente, qui a mon humble avis s'estompera de lui-même, dès lors qu'un réel PARTAGE sera réalisé. J'entends bien :

  • un partage des charges - contraintes - responsabilités - peines...
  • un partage des bénéfices - récoltes - avantages - joies...
Afin de mieux se forger une opinion (et de porter un jugement dans le temps), mieux vaut voir chaque version :

  • celle de Tozzi Green, consulter leur site
  • celle des autres, faute de site et/ou d'avis des associations Bara, je ne dispose que de quelques documents...

Plainte à Satrokala datant du 23.06.2013



Justificatif des Tompontany de Mahavondraky & Manasoarena

et comme le conclue l'article de l'Observateur datant du 31.07.2013 :


"affaire à suivre"
En attendant, pour limiter les malentendus, le parti Hasin'i Madagasikara a déjà proposé une solution simple et efficace : "rédiger les contrats en malgache"


(re) lire l'article
Effectivement, les investisseurs ont suffisamment les moyens de s'offrir des interprètes. Ce qui n'est guère le cas des TOMPONTANY.

Et pour joindre l'utile à l'agréable, cela créera des emplois aux lettrés malgaches par la même occasion non ? 

Enfin, des cas similaires restent à déplorer dans le monde. Rien ne vous empêche d'apporter votre petit soutien - à l'instar du colibri de Pierre Rabhi - car survivalfrance oeuvre dans ce sens :


"Lorsque les peuples indigènes sont expulsés de leurs terres, lorsque celles-ci sont détruites au nom du ‘progrès’, leur souffrance est indéniable : alcoolisme, maladies chroniques, mortalité infantile et inactivité sont, trop souvent, les effets de l’assimilation forcée à la société dominante.

Lorsque les peuples indigènes sont arrachés des terres qui inspirent leurs chants, leurs danses, leurs mythes et leur mémoire, une grave dépression peut survenir. Toutes ces pratiques sont les fondements de leur propre histoire; leurs rituels représentent une myriade de façons imaginatives de concevoir la vie. Sans leur terre, le maintien de leur identité s’effondre.

Lorsque les Bushmen entrent en transe sur le son rythmé de la danse, lorsque les Hopi chantent pour appeler la pluie et que les Enawene Nawe jouent de leur flûte au crépuscule, ils renforcent la cohésion sociale et célèbrent leur union avec la Terre. La perte de leurs terres est catastrophique, mais la solution à leurs problèmes – la reconnaissance de leurs droits territoriaux, en faveur de laquelle Survival mène campagne depuis plus de quarante ans – est simple."


Voir aussi l'article du SIF sur les Bara : 


L’accaparement de terres par les grands investisseurs étrangers œuvrant dans l’exploitation agricole Région Ihorombe

"Suite aux investigations menées sur place, il a été constaté que le bail emphytéotique du terrain de 6558Ha 78a 16ca, cédé à la société Tozzi Green, constitue un choc pour la population locale, ayant été fait à son insu. La Région d’Ihorombe est majoritairement habitée par le foko Bara, lequel vit essentiellement de l’élevage extensif de zébus, ayant besoin d’une superficie de plus de cinq hectares chacun par an, pour bien vivre. On y répertorie plus de 600 000 têtes de zébus. Il est important de noter que l’homme, les animaux, accessoirement les zébus, l’eau et la terre sont interdépendants dans la société Bara. Si l’élevage de bovins connaît un blocage, le reste suit.

Depuis la Royauté, les lois qui se sont succédé ont toujours reconnu la présomption de domanialité. Autrement dit, les droits non écrits ont également leur poids et les personnes ayant occupé les terres par la mise en valeur peuvent jouir de leur propriété. Nous avons un vide juridique pour ce qui est des terrains de pâturages, mais cela ne veut pas dire qu’ils appartiennent logiquement à l’Etat ou à un quelconque individu. Selon les lois existantes, l’aménagement d’une parcelle et son utilisation peuvent définir le propriétaire. Si la personne est bien un occupant traditionnel de la surface terrestre, on peut considérer cette dernière comme étant une propriété privée non titrée, selon l’article 33 de la loi 2005-019 du 17 octobre 2005, fixant les principes régissant les différents statuts des terres. D‘après la population locale, l’occupation de ces terres n’a pas été prise en compte. Les autorités ont directement considéré les terrains comme propriété de l’Etat." (28.08.2013)

Enfin, si vous êtes dans la région parisienne le DIMANCHE 15 SEPTEMBRE à 
14h n'hésitez pas à assister à la TABLE RONDE organisée par Dago-Rias à la "Fête de l'Huma" sur :


Convoitises sur les ressources à Madagascar

avec la participation de :
  • Vahinala Douguet-Raharinirina (Chercheure en Economie Ecologique)
  • Nicolas Sersiron (CADTM-Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde, Echanges non marchands)
  • JC Rabeherifara (Sociologue, "aujourd'hui l'Afrique")...        

voir le programme en entier

Et au Brésil ? Territoire
Harcellement et décès, suite aux problèmes fonciers...

lire l'article
... mais elle (tompontany brésilienne) ne baisse pas les bras !
Photo du mois
Le pasteur Bara et le pasteur de la vallée de l'Omo symbolisent la fragilité de la terre et de ses occupants...

voir la vidéo de Survival France
Musique du mois
Matsubara



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Mise à jour le 14.12.2016 : 


(source)

   "En 2005, à Madagascar, le gouvernement a adopté une grande réforme foncière. L'objectif était de reconnaître les droits locaux fonciers coutumiers et de répondre à la demande de sécurisation foncière des Malgaches. Plus de dix ans après, quel en est le résultat ? Des chercheurs viennent de rendre publique deux études sur l'impact réel de cette réforme auprès de la population.

Terrains immatriculés au nom d'anciens colons, absence de titre foncier... A Madagascar, nombreux sont les habitants qui ont connu des difficultés pour prouver leur droit à la propriété. De 2005 à 2015, l'Etat a conduit une réforme pour sécuriser les propriétaires des terres. Une innovation, comme l'explique Perrine Burnod, chercheuse au Cirad, affiliée à l'Observatoire du foncier à Madagascar.

« En 2005, il y a deux innovations, et l'idée est de se rapprocher des besoins en sécurisation de la population. C'est d'abord de décentraliser : l'Etat partage le pouvoir avec les communes, pour aider à enregistrer les droits. La deuxième idée, c'est que sur une terre qui n'est pas titrée, quelqu'un qui a hérité d'une terre ou qui travaille sa terre soit reconnue comme propriétaire sous réserve que les voisins, les personnes respectables du village et les autorités locales soient d'accord. »

Qui sont les personnes qui ont demandé un certificat foncier ? Heriniaina Rakotomalala, responsable des études et de la capitalisation du foncier à l'Observatoire du foncier dresse le profil type de ces propriétaires « officialisés ». « On remarque tout d'abord que ce sont des femmes qui certifient plus leurs terres que les hommes. Ensuite, on remarque que les moins aisés certifient les parcelles autant que les ménages riches. Ensuite, concernant l'origine, les migrants certifient plus que les autochtones », explique l'analyste.

D'après les études menées, l'impact de ces certifications n'est pas économique, mais plutôt social. Les ménages ont sécurisé la terre qu'ils pourront transmettre en héritage.
D'autres questions se posent désormais : comment attribuer de la terre à ceux qui n'en ont pas ? Comment la répartir entre les agriculteurs, et les gros investisseurs ? Voilà les nouveaux enjeux de la réforme à venir."


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Mise à jour le 24.10.2017 : 


"Encore un autre litige foncier vient grossir les rangs de ceux qui n’ont pas encore été résolus. En effet, la région Ihorombe est la victime d’un différend entre le peuple et une société dénommée « Tozzi Green ». Le président du FITIBA ou « Fitambaran’ny Terak’Ibara » de la région Ihorombe, Emile Razafindramaka, les membres de la société civile « Ny Toho tsy mba zay » ainsi que les représentants de la population locale ont quitté Ihorombe pour tirer la sonnette d’alarme face à ce qu’ils estiment être injuste. Une rencontre avec des journalistes a été, de ce fait, effectuée hier à Tsimbazaza. « Le terrain sur lequel s’est implantée la société Tozzi Green nous appartient. Nous l’utilisons pour le bétail », a affirmé Emile Razafindramaka. Et lui de continuer qu’ « une autre société dénommée Land Mark a d’ores et déjà, par le passé occupé, 3500 ha de terrain à Ihorombe, mais a désisté. Ensuite, Tozzi Green veut récupérer ce terrain délaissé par Land Mark. C’est ce que nous réfutons ». D’après ses explications, l’affaire ne date pas d’hier car, en 2015, une pétition – pour laquelle l’ensemble de la population de la région s’est mis d’accord à ce que les terrains à Ihorombe restent leurs biens – a été organisée. De surcroît et ce d’après le président du FITIBA Ihorombe, il s’avère qu’ils ont été menés en bateau depuis le début. « Initialement, Tozzi Green avait planté du Jatropha sur le terrain. Puis un ou deux ans après, elle a remplacé la plante par du tournesol. Et actuellement, c’est du maïs que nous voyons sur le terrain ».  L’association espère de ce fait que leur message soit entendu. D’autant que « les membres et les habitants reçoivent des menaces », toujours selon les explications d’Emile Razafindramaka."


Aina Bovel

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Mise à jour le 08.12.2017 : 
(source)
"A Madagascar se tenait mercredi 6 décembre un procès atypique, qui opposait un ancien ministre et un groupe de paysans, sur fond de droit d'accès à la terre.

C'est l'histoire d'un bout de terre laissé vacant par un ancien ministre, Georges Ruphin, parti prendre un poste d'ambassade en Italie : 569 hectares, non loin de Tananarive, qu'il a rachetés en 1988 à une société coloniale. Cette entreprise y faisait pousser des bancouliers, des arbustes qui produisent des noix avec lesquelles on fait de l'huile. Quand le ministre part prendre son poste, il laisse la terre aux anciens employés de la société, qui la travaillent et la font fructifier pendant son absence. Ils tirent un revenu de leur travail.

Mais quand il revient, 5 ans plus tard, il décide d'entreprendre une démarche d'expulsion à l'égard des paysans qui eux refusent d'en partir.

Georges Ruphin veut récupérer ses terres et veut faire de l'agroforesterie, comme en son temps la société coloniale, un mode d'exploitation des terres agricoles qui couple arbres et culture d'élevage, un modèle à des années-lumière  du modèle de l'agriculture paysanne, d'accès à la terre, qui permet aux paysans de se rémunérer grâce au foncier.

Si le droit malgache est du côté du ministre, ce procès pose tout de même un conflit d'ordre moral. Georges Ruphin réclame des dommages et intérêts par année où il n'a pu exploiter sa parcelle.  Et aujourd'hui les paysans demandaient un recours suspensif au tribunal de Miarnarivo. Mais le Tribunal de cassation a refusé de suspendre l'ordonnance d'expulsion. Le procès va se poursuivre début 2018."


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Mise à jour le 13.12.2017 : 


(source)
"A Madagascar, tous les testaments et les actes de vente seront, sous peu, répertoriés dans un registre unique afin de « lutter contre les arnaqueurs ». Cette initiative est menée par le ministère de la Justice et la Chambre des notaires de la Grande Ile.

« Un arrêté sur l’établissement d’un registre dans la chambre nationale des notaires se fera bientôt. Les notaires doivent rapporter toutes les déclarations de testaments et les actes de vente de terres ou de biens.», a notamment confié le président de la Chambre nationale des notaires, Rijanirina Razana Drakoto, au site d’information L’Express de Madagascar.


La mise en place de ce registre devrait permettre, selon lui, de « renforcer la sécurité juridique et éviter ainsi les litiges fonciers au tribunal".

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Mise à jour le 28.12.2017 : 
(source)
"Le sort des occupants des terrains coloniaux scellé. Ils pourront finalement accéder à la propriété. La loi sur le régime juridique de l’immatriculation et de la propriété foncière, récemment adoptée par le Parlement, définit bien les différentes procédures d’acquisition de ces terrains. « Ce texte va apporter de grandes révolutions au niveau du traitement foncier, notamment les conflits domaniaux. Les terrains coloniaux figurent parmi les dossiers les plus complexes en ce moment. Ce nouveau texte stipule que si ces terrains restent inexploités, le titre revient directement à l’Etat. Par contre, s’il y a déjà des occupants, ils peuvent accéder à la propriété des terrains », explique Hasimpirenena Rasolomam­pionona, directeur général de services fonciers (DGSF).

Durant la période coloniale, de grandes surfaces, essentiellement agricoles, avaient été titrées au nom des entreprises françaises, créoles, dans l’objectif de faire de Madagascar une colonie d’exploitation.  Les régions à forts potentiels agricoles ont été privilégiées par les colons. D’après les informations obtenues auprès de la DGSF, il s’agit, par exemple, d’une grande partie de la région Itasy comme Anala­vory, Ampefy, Soavinan­driana, d’Amba­tondrazaka, de Miandrivazo, d’Anka­dinondry Sakay et bien d’autres encore. En tout, ces propriétés étrangères auraient dépassé les 1 500 000 hectares dans les années 60 et 70, selon les études menées par l’ Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (ORSTOM) devenu actuellement l’Institut de recherche au développement (IRD). Avec ce nouveau texte, les occupants de ces terrains ne peuvent que se réjouir de cette bonne nouvelle.


Tribunal spécial

Par ailleurs, l’un de grands changements apportés par ce texte concerne la reconstitution de document foncier. À ce sujet, les documents perdus, inexploitables, détériorés, détruits ou déchirés seront remis en état. « La détérioration des documents fonciers pénalise leur propriétaire. Il n’y a aucune possibilité, par exemple, d’avoir un permis de construire ou de procéder à un transfert. Le nouveau texte prévoit l’instauration d’un tribunal spécial terrier pour statuer sur le sort de ces documents fonciers », a souligné ce haut fonctionnaire de l’État.

Ce tribunal spécial sera composé d’un juge issu du corps des magistrats qui préside les audiences, deux assesseurs issus du corps des Inspecteurs des domaines, un représentant de la Commune, le chef Fokon­tany, un fonctionnaire issu du corps des greffiers. Son rôle principal est de statuer sur le sort de données foncières manquantes et/ou documents fonciers détériorés sur la base des documents d’inventaire relatifs à ces données et documents fonciers et aux requêtes en délivrance de second duplicata, comme l’indiquent les articles 83 et 84 de la dite loi."
Lova Rafidiarisoa
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Mise à jour le 01.02.2018 : 
(source)
Suite à une décision du tribunal, trois-cent familles seront incessamment expulsées. Un terrain de 569 ha vendu durant la deuxième République est la source du litige.
"Dernier recours. Pour plus de trois-cent familles de villageois vivant sur le site d’Ampalaha, dans la commune de Soavinandriana Itasy, le coup de massue est tombé en décembre. Défaits devant la Cour de cassation, ils sont dans l’obligation de débarrasser le plancher laissant derrière eux leurs habitations, leurs activités économiques qu’est l’agriculture et même pour certains, les tombeaux familiaux.
En cause, un litige qui daterait de la fin des années 90, selon les explications de Pierre Marcel Ramilijaona, représentant des villageois qui se sont regroupés au sein d’une association. Un ancien ministre de la deuxième République, selon ses explications « a acquis la propriété de 569 ha de terrain pour 10 millions de francs malgaches. Les terres cultivées par les villageois depuis plusieurs générations, mais aussi, les habitations et des tombes sont comprises dans ce domaine », affirme-t-il.
Appartenant anciennement aux colons qui les auraient pris aux locaux, les droits sur le terrain ont été cédés à un étranger dans les années 60. Son activité tournant au ralenti, il aurait autorisé les locaux à revenir s’installer et cultiver la terre dans les années 70. Le propriétaire a, ensuite, vendu le domaine à l’ancien ministre, vers la fin des années 80.
Conciliation
Après une première tentative d’expulsion en 1989, l’acquéreur a intenté une action en justice contre neuf membres de l’association villageoise, en 2016. « La Justice pense probablement, que nous ne sommes que neuf personnes à s’opposer à lui, alors que des centaines de familles  vivant sur ces terres depuis les années 70, sont touchées », déplore Pierre Marcel Ramilijaona.
Outre l’expulsion, la partie perdante devra s’acquitter d’une amende de trois millions d’ariary par hectare. Le certificat de constatation de mise en valeur favorable aux villageois, comme le confirme  Solofonirina Andrianaorina, maire de Soavinandriana Itasy, n’a visiblement, pas pesé. Selon l’ordonnance
74-021, « tout propriétaire est tenu de mettre en exploitation, d’entretenir et d’utiliser les terres qu’il possède ».
En son article 3, ce texte prévoit que « lorsqu’il sera établi qu’une propriété rurale d’une superficie supérieure à cinq hectares n’a pas été, depuis cinq ans au jour de la constatation, exploitée personnellement ou à leurs frais, soit par le propriétaire, soit par ses ayants droit, cette propriété sera transférée en toute propriété à l’État, quelle que soit sa consistance ». Sur les terres non-exploitées par ses propriétaires depuis vingt ans, le projet de loi sur la propriété foncière parle d’« abus de droit de propriété ».
Un juriste de l’organisation « Sehatra iombonana ho an’ny fananantany » (SIF), concède que le fait que les colons aient cédé le droit de propriété du terrain à un tiers « complique l’affaire pour les villageois face aux textes en vigueur actuellement ». Il ajoute, toutefois, que « l’on est en droit de s’interroger sur comment une personne physique ait pu acquérir un terrain d’une telle superficie ? ».
Selon les explications de Pierre Marcel Ramilijaona, « la procédure de constatation de mise en valeur a été lancée parallèlement à la plainte contre nous. Seulement, nous ne savons plus où est le dossier actuellement ». L’ordonnance précitée prévoit que, « le transfert à l’État des propriétés non exploitées est décidé (…) par décret pris en conseil des ministres pour (…) les terrains ruraux d’une superficie supérieure à cent hectares ». Les voies de recours étant épuisées, ils ont soulevé un pourvoi dans l’intérêt de la loi (PIL). Étant donné les enjeux sociaux, une conciliation étatique est requise
."
Garry Fabrice Ranaivoson
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Mise à jour le 05.03.2018 : 

"Dans le cadre de la célébration du vingt-cinquième anniversaire du GESC ou Groupement des Experts et Scientifiques, une table ronde a été organisée au Café de la gare à Soarano vendredi dernier autour du thème : « Renouveau de la vie nationale. Qu’est-ce ? Comment ? » Cette conférence a mis en lumière les questions existentielles de notre Nation et a forgé l’opinion de l’assistance sur la nécessité de revenir à la source c’est-à-dire la terre. Reconquérir les valeurs fondamentales malgaches à la conservation des terres ancestrales car ce sont les raisons d’être de la Nation toute entière.




Les éléments précurseurs de cette rencontre partent du constat que les malgaches finiraient par devenir des apatrides dans leurs terres si les formes de cession des terres malgaches continuent délibérément en faveur des étrangers. Cela se traduit par la diminution incontrôlée du patrimoine immobilier de l’Etat. « Si tout le monde croit que l’Université d’Antananarivo fait partie du domaine public, il faut reconnaitre qu’elle est encore titrée sous le nom de la Fondation Charles de Gaulle jusqu’à aujourd’hui. Ce qui fait que seules les infrastructures se trouvant en dessus qui appartiennent à l’Etat. Actuellement, nous sommes en train de faire des lobbying pour transférer le titre à l’Etat », dévoile le Doyen de faculté DEGS qui a participé à cette manifestation. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres justifiant le fait que les anciennes propriétés coloniales ne sont pas encore transférées à l’Etat Malagasy. D’autant plus, une grande partie du terrain de cette Université a failli être transformée en terrain de golf en 2013. L’Etat a déjà fait un pas lorsqu’il a institué les BIF ou (Birao Ifoton’ny fanananan-tany). Une initiative qui mérite d’être saluée. Par contre, le prochain passage du projet de loi sur la ZES ou Zone économique Spéciale inquiète lourdement les membres du GESC. La preuve en est que la loi sur les domaines publics interdit l’occupation des plages. Force est de constater que les rivages de la mer sont souvent occupés par des hôtels appartenant à des étrangers. Et ces occupations étrangères vont ainsi se multiplier si la ZES est votée.

A travers une étude comparative, Rakoto David Olivaniaina explique qu’ « en Chine, les étrangers ne peuvent pas acquérir des terrains pour investir, notamment pour les investissements qui demandent des terrains de grande superficie. Toutefois deux options leurs sont ouvertes : soit l’investisseur étranger prend une participation minoritaire dans une entreprise d’Etat qui exploite le terrain, soit il agit en tant que partenaire. A Madagascar en misant sur l’IDE ou investissement Direct Etranger, on invite tous les étrangers à venir s’installer au pays alors que ce procédé réduit considérablement la marge de bénéfice de l’Etat  ».


Pour le sociologue Rabarihoelina Bruno, membre du GESC, il faut revenir véritablement sur les valeurs fondamentales qui soutiennent la particularité des Malagasy. « Actuellement, on inculque aux enfants des valeurs qui ne sont pas du tout les leurs. Cela est dû au fait que nous importons des cultures étrangères qui suppriment les nôtres. Raison pour laquelle les jeunes générations actuelles n’ont plus d’esprit de créativité. Ils n’ont en tête que d’imiter les autres. Ainsi, il est très facile pour les étrangers de s’installer à Madagascar et d’investir puisque les jeunes malgaches ont tendance à ingurgiter passionnément les cultures des horizons étrangers. Et ce, sans la moindre réflexion sur les conséquences ultérieures », rapporte-t-il. Il n’est pas alors étonnant si les télévisions diffusent sans cesse des feuilletons indiens ou encore des dessins animés asiatiques. Les « Anganon’ny Ntaolo » (conte d’antan) n’y ont pas eu leur place. C’est en quelque sorte une manière pour les étrangers de se familiariser avec les malgaches. Redonner la valeur sacrée de la terre car elle est un cadeau divin d’où la nécessité impérative d’arrêter les cessions de terrain sous des formes multiples et de reconquérir ce qu’on a perdu."
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Mise à jour le 10.07.2018 : 

(source)

   "La mise en location de millions d’hectares de terre malgaches, sous forme de bail emphytéotique, à des investisseurs, notamment étrangers, comme méthode incontournable et sûre de développer le pays et son agriculture est prônée par les dirigeants malgaches dans le Programme Sectoriel de l’Agriculture, Elevage et Pêche 2016-2020 et dans leurs discours. Des citoyens malgaches et des organisations de la société civile critiquent et condamnent cette conception qui lèse les intérêts majeurs de la nation en qualifiant cette pratique de « vente de la terre des ancêtres, vente de la patrie ».

Le Collectif TANY revient sur ce sujet en soulignant que le bail emphytéotique n’est pas une simple location mais accorde des droits spécifiques au preneur, et que du point de vue des traditions malgaches, le bail emphytéotique correspond à un type de vente des terres.

Le bail emphytéotique n’est pas une simple location des terres

La majorité des gens savent que « ce bail est consenti pour une durée supérieure à 18 ans et ne pouvant pas excéder 99 ans », selon la loi 96-016 [1]

Les autres dispositions de l’article 1 de cette loi méritent une attention particulière : « le bail emphytéotique confère au preneur du bail un droit réel susceptible d’hypothèque : ce droit peut être cédé et saisi dans les formes prescrites pour la saisie immobilière (…) » [2]

Pendant la durée de la location, le preneur dispose donc de droits importants comme l’utilisation de ce bail comme hypothèque auprès des banques en cas de prêts financiers.

La vie nationale de ces dernières années ayant montré

que l’Etat en particulier, prévoit de louer dans ces conditions de très vastes surfaces de terres,
qu’un grand nombre d’investisseurs ne dispose pas des fonds nécessaires à leur projet au moment où ils contractent le bail emphytéotique sur les terres malgaches mais doivent encore emprunter auprès des banques,
et que la date de fin du bail n’est jamais connue de manière sure puisqu’il est renouvelable,
les risques de perte de contrôle des terres malgaches s’avèrent très élevés.

Le Collectif TANY propose donc de réviser en urgence la loi sur le bail emphytéotique pour enlever la possibilité d’hypothèque et la libre cession mentionnées dans la loi actuelle.

Cette révision de la loi devrait également prendre en compte le fait que la terre est un bien sacré, unique moyen de production pour la majorité de la population malgache, mais n’est pas une marchandise que les uns et les autres peuvent céder et trafiquer comme un objet de transaction banal.

Le Collectif TANY a déjà dénoncé à plusieurs reprises l’exclusion et l’expulsion des communautés locales et des paysans provoquées par la location par bail emphytéotique des terres qu’ils cultivent et où ils vivent.

Le rappel d’une tradition ancestrale sur les ventes de terres s’impose ici, malgré la méconnaissance ou le mépris de la culture et des coutumes par la majorité des décideurs et économistes malgaches.

Différents types de vente existent dans la tradition malgache

Les anciens Malgaches avaient défini au moins deux types de vente de terres, généralement faits entre membres du lignage et voisins : il s’agit du varo-maty (vente morte, définitive) et du varo-belona (vente vivante, c’est-à-dire réalisée dans le but et l’espoir de pouvoir racheter les terres qu’on a dû vendre à un moment de grand besoin de numéraires, ressemblant donc à une vente provisoire, limitée dans le temps). Cette pratique se rencontre encore actuellement au sein des populations rurales. [3] [4]

Du point de vue des communautés locales dépouillées et expulsées de leurs terres par l’Etat en vue d’une location de ces terres dans le cadre de bail emphytéotique, et qui n’auront pas accès à leurs terres pendant une longue durée, rien ne différencie un bail emphytéotique d’un « varo-belona ».

Par ailleurs, les communautés rurales malgaches ont tendance à éviter de vendre, même à des voisins, les terrains hérités des ancêtres (tanindrazana), mais vendent les parcelles que les ménages ont acquises par leurs propres efforts. Mais les agents de l’Etat et les lois malgaches incluent dans les terres susceptibles d’être louées aux investisseurs, nationaux ou étrangers, toutes les terres sans distinction.

Ces éléments font partie des raisons qui expliquent le fossé de plus en plus profond entre le discours et les ambitions nourris de néo-libéralisme de la majorité des dirigeants malgaches d’une part, et les convictions de la majorité de la population d’autre part.

Conclusion

Une co-publication [5] du Collectif TANY avec d’autres organisations en 2013 mentionne dans le chapitre sur le contexte culturel de l’usage de la terre à Madagascar que « la terre occupe une place privilégiée dans la hiérarchie des valeurs. À part sa valeur économique, la terre est sacrée pour les Malgaches et possède un caractère quasi religieux car dans leur croyance la terre est à la fois la Mère, l’Ancêtre et le Dieu. [6]

Pourquoi certains choix politiques et économiques décident-ils de dépouiller les citoyens malgaches de l’usage de leurs terres - pendant quelques décennies - pour les allouer à des opérateurs économiques ou financiers, dont certains ne disposent même pas de moyens suffisants pour réaliser le projet envisagé dans le cadre du bail emphytéotique mais ont besoin d’hypothéquer leur bail auprès des banques ? Des études montrent en outre que à Madagascar, comme ailleurs, ces projets à emprise foncière rencontrent quelquefois – voire souvent – des échecs alors que les conséquences des expulsions des paysans de leurs terres sont très dommageables pour le pays. [7]

Le Collectif TANY propose qu’au lieu de « vendre la terre des ancêtres, la patrie » dans le cadre des innombrables futurs baux emphytéotiques envisagés pour les ZIA (zones d’investissement agricole), ZES (zones économiques spéciales), etc …, la principale option à adopter par les dirigeants devrait consister à respecter, écouter véritablement et chercher à bien développer la population malgache, notamment les paysans, acteurs locaux et ressources disponibles, capital humain considérable et précieux, qui détient le capital en terres et en connaissances ancestrales et investit sur les terres malgaches depuis des générations, pour trouver ensemble de nouvelles solutions aux problèmes actuels du pays.


Paris, le 9 juillet 2018"


Le Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY

Notes
[1] Conformément à l’alinéa 2 de l’article 1 de la loi 96-016 portant modification des certaines dispositions de l’Ordonnance n°62-064 du 27 novembre 1962 relative au bail emphytéotique.

[2] Alinéa 1 : Le bail emphytéotique de biens immeubles confère au preneur un droit réel susceptible d’hypothèque : ce droit peut être cédé et saisi dans les formes prescrites pour la saisie immobilière [...]
Alinéa 5 : avec l’assentiment du bailleur ce bail est librement cessible par le preneur à des tiers sur base d’un contrat signé et dûment enregistré ;
Alinéa 6 : comme instrument négociable, le preneur peut librement laisser ce bail en sécurité ou nantissement d’un prêt ou de toute autre opération financière auprès des tiers y compris auprès des banques et institutions financières ;
Alinéa 7 : les procédures juridiques mentionnées ci-dessus qui concernent le consentement et l’enregistrement d’un bail sont les mêmes, qu’ils s’agissent de biens immobiliers publics ou domaniaux, voire privés, sachant que le bailleur peut être l’Etat ou la communauté qui en est propriétaire […] »



[5] Re:common, SIF, TANY, « Accaparements de terre à Madagascar – Echos et témoignages du terrain - 2013 », http://terresmalgaches.info/IMG/pdf/Rapport_Accaparements_de_terres_Madagascar_2013.pdf (page 12)

[6] Un proverbe malgache exprimant la sagesse des Anciens souvent cité par les chercheurs dit « Ny tany vadiben-janahary : mihary ny velona, manotrona ny maty »



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Mise à jour le 24.08.2018 : 

(lire l'article)