BARA de Madagascar

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lundi 20 avril 2020

Besoin d'évaluation 7

Comment déféquez-vous ? Zébus & Société
En faisant des recherches pour alimenter le site sur les Bara et un peu plus tard pour écrire un livre sur la santé des Bara, je n'ai rien trouvé à propos de leur lieu d'aisance. Effectivement, aucun des écrits de Jacques Faublée ne relate comment le peuple Bara assure ce besoin primaire.

Il se trouve pourtant que bon nombre des peuples du Sud malgache sont "fady" aux WC. Cela signifie qu'il n'est pas dans leur tradition de se soulager dans un petit coin bâti spécialement pour cela. Preuve en est, quand vous vous promenez sur les plages proches de Toliara, le bord de mer est déserté des touristes car les habitants y confient leurs excréments à l'océan.

Déféquer fait partie des besoins primaires car c'est de l'ordre de l'indispensable. Même le paresseux procrastine et reporte ce besoin à une fois tous les quinze jours mais n'y échappe pas pour autant ! 

J'ai déjà consacré un article sur le devenir des fèces sur ce blog.

Mon dernier voyage à Madagascar en février m'a permis de mener une petite enquête sur les hautes terres autour de ce sujet dérangeant.

 Mon cheminement commence sur ce sentier menant vers un caveau au village de Mangarivotra dans l'Itasy.


J'ai dû faire attention pour ne pas glisser sur les étrons jalonnant le chemin.



 Ensuite j'arrive chez un paysan pour commencer les entretiens semi-directifs avant le lancement d'un projet de développement.
 

Avec son autorisation, je constate la rusticité d'un cabinet d'aisance en cours de construction mais déjà opérationnel.


Ici on vit au plus près de la nature et on s'en sert pour s'essuyer.


 Dans un rayon de 500 mètres je retrouve à peu près le même modèle d'usage : la fosse perdue.
 




 Au sud du même village je trouve ce modèle un peu plus élaboré : l'assise est un pneu de scooter découpé. Notons l'absence de mur en dur mais un simple tissus synthétique tendu. Le plancher est soigneusement fini.



 En plein centre du village je touve divers modèles.


Assez rustique et assez propre. 



Chez un notable qui dispose de l'eau potable nous retrouvons des toilettes turcs, moyennement propres et toujours sans couvercle. 



Dans une grande maison abandonnée du village je découvre :
- un WC à fosse perdue sale, délabré mais utilisé - par qui ?
- deux WC à fosse septique pas du tout fonctionnels faute d'eau courante !
 




On s'essuie avec un trognon de maïs et des rameaux de romarin









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En descendant vers le village de Manampisoa je tombe sur trois modèles classiques de toilettes de la région.

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On s'essuie de manière la plus naturelle : avec des feuilles de chouchou (christophine).

Notons que l'école du quartier (fokontany d'Atalata Vaovao) est dotée de toilettes turcs aux normes. Malheureusement je n'ai pas pu vérifier leur propreté ou encore si les trous disposaient de couvercle amovible contre les mouches.  

Notons le lavoir pour que les élèves se rincent les mains après !
 

 Au final, ce petit reportage à la campagne nous révèle les modes de vie de tous ces paysans. Les toilettes nous donnent aussi un aperçu de leur équipement qui répond à ce besoin indispensable.

Ici les normes d'hygiène sont secondaires par rapport à la hiérarchie des besoins que nous verrons dans une autre série sur leur cuisine.

J'ai pour habitude d'ailleurs quand je suis en France de toujours visiter les toilettes des restaurants avant de m'attabler. Amusez-vous à le faire car dès fois l'aspect chaleureux du bar dissimule de piètre condition d'hygiène aussi !

Ceci dit, je prends le taxi-brousse en direction de la capitale. 


Me voilà en plein Tana et sans appareil photo. Dommage car en plein avenue de l'Indépendance, à deux pas de l'Hôtel de ville et de "Gastro pizza" je tombe devant un groupement de crottes au pieds des palmiers Satrana.

Etant donné que personne ne promène son chien en laisse pour le faire crotter sur la voie publique comme en France, il ne peut s'agir que de crottes humaines.

Tout laisse à penser que les "sans domicile fixe" (4-Mi) se sont soulagés ici !


Faute de moyens, ces 4-Mi (SDF) ne peuvent pas se payer l'entrée des toilettes publiques dans la capitales. Ces établissements sont à l'initiative d'associations et sont payants.



En reprenant la RN1 vers l'Itasy pour terminer mon enquête et entretiens semi-directifs avant le lancement du projet, je fais une halte à Miarinarivo. 

Dans ce chef lieu de la Région Itasy se trouve ce bloc-latrines offert par la Région Nouvelle Aquitaine. Dommage qu'il soit fermé alors que c'est jour de marché.



Entre Miarinarivo et Analavory, je visite le fameux tombeau sur pilotis d'Ampasamanatongotra, au détour je découvre des toilettes communes.


Très spartiates mais au moins elles existent. 



CONCLUSION : 

Les toilettes ont toujours le don de révéler qui nous sommes exactement, sans artifice.

Amusez-vous à visiter les toilettes d'un restaurant avant de vous attabler. Je le fais systématiquement pour prendre la température sur la notion d'hygiène d'un restaurant auquel je confie le soin de me nourrir.

Photo du mois


Mis à jour ce 10.05.2020 :

(source)
Mis à jour ce 13.05.2020 :
Au cours d'une visite de serre d'un semencier dans le Luberon, je tombe sur des toilettes sèches. Et pas n'importe quelle mais l'unique toilette des Alpes de Haute Provence avec un lambaoany gasy en guise de porte !



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Voici un autre modèle de toilettes sèches avec un excellent séparateur d'urines.













Mis à jour ce 20.06.2020 :

A Madagascar 1/3 des établissements scolaires manquent de toilettes !

(école de Faratsiho)
Pour les femmes de Madagascar, la période des règles est maudite. Avoir accès à des toilettes, de l’eau claire ou encore des protections hygiéniques jetables est un luxe dont elles sont pour la très grande majorité privées. Nos reporters ont enquêté sur l’île, où entre la pénurie d’infrastructures de base, le manque d’accès aux biens de première nécessité mais aussi les croyances, tabous et humiliations, l’hygiène menstruelle est un combat pour des millions de femmes. Avec de graves conséquences sur leur émancipation, leur éducation et leur santé. 

Au cours de ce reportage, nous avons parcouru l’île de Madagascar, à la rencontre de femmes vulnérables qui n’ont ni eau, ni protections hygiéniques dignes de ce nom. Pour elles, la période des règles représente un immense frein à leur émancipation. Chaque mois, pendant cette période, elles travaillent moins que d'habitude et doivent se soucier de trouver comment se laver plusieurs fois par jour, tout en étant ralenties par la douleur.

Sur l’île, le chômage est massif et les femmes sont souvent dépendantes de leur mari financièrement, ce qui complique un peu plus leur situation. Nous avons rencontré des jeunes filles obligées d'emprunter de l'argent pour pouvoir s’acheter une simple serviette hygiénique... D’autres se cotisent pour que les plus vulnérables puissent s’acheter des protections.

Manque d'information

La quasi-totalité des femmes que nous avons rencontrées utilisent du tissu en guise de serviette hygiénique - une sorte de carré acheté en friperie, souvent très usé. L'exposer au soleil pour le sécher est honteux en milieu rural… Les femmes préfèrent le cacher et n'abordent pas le sujet, même entre elles.

Amarante Norolalao Ranerason, militante pour les droits des femmes, nous explique qu’outre le manque d’accès aux infrastructures de base et aux biens de première nécessité, c'est le manque d'information autour des règles qui pénalise le plus les femmes. En témoigne l'histoire de cette jeune fille giflée par son père au moment de ses premières règles, car il croyait qu'elle avait eu un rapport sexuel et que c'était la raison pour laquelle elle saignait...

Cette militante explique que pour les femmes de Madagascar, avoir ses règles est, cycle après cycle, une période génératrice d’anxiété, d'exclusion sociale, nourrie de tabous et d’idées fausses. Une double peine pour les femmes de l'île.