BARA de Madagascar

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lundi 10 décembre 2012

TOZZI : Business ou et Philanthropie ?

Jatropha & Biocarburant Satrokala
Un article a déjà traité ce sujet sur le site consacré aux Bara, à la page "Satrokala".

Voici un communiqué du Collectif pour la Défense des Terres Malgaches – TANY :


SOUTENONS les ELEVEURS et leur PATRIMOINE
 contre L'ACCAPAREMENT de VASTES SURFACES de TERRES
par la société TOZZI GREEN à MADAGASCAR

La société italienne Tozzi Green,une filiale du groupe italien Tozzi Renewable Energy, cultive essentiellement du jatropha, un agrocarburant, sur le plateau d'Ihorombe dans le Centre Sud de Madagascar et vise une surface de 100 000 ha. Cette société déclare qu'elle s'installe dans cette zone avec l'accord des populations : 
  • Quelles populations exactement ont été consultées et ont donné leur accord ? 
  • Les autorités locales ? 
  • Quelques notables des villages ?

Plaintes et revendications des populations locales :

Le 16 novembre dernier, dix représentants de neuf villages situés dans les communes de Satrokala, Andiolava, Ambatolahy et Ihosy, région d'Ihorombe sont venus à Antananarivo et ont tenu une conférence de presse pour manifester leur opposition à cette exploitation et pour « exprimer leur détresse ». Ils se sont déplacés pour faire connaître leurs plaintes car les droits des habitants ont été piétinés. « Nous n'avons plus aucune prise sur nos terres, des personnes étrangères à nos mœurs y imposent leurs lois. Elles ont étendu progressivement la surface de leurs cultures et utilisent aussi nos terres maintenant. Nous, petits paysans, sommes obligés de partir car ce sont des gens munis d'armes qui nous expulsent de nos terres. La perte de l'herbe où les zébus pouvaient brouter a entraîné le décès du bétail sur place. Ils ont détruit les tombes de nos ancêtres. Les lieux sacrés ont déjà tous été détruits par les tracteurs ». Ils sont complètement désemparés actuellement car ils sentent qu'ils ressemblent à des œufs qui affrontent des rochers dans cette situation, et font appel à l'Etat central […], la plupart des habitants partent en exode et deviennent quasiment des sinistrés. Face à la confiscation de leurs terres, les fokonolona (communautés de base) ont souligné que « les conséquences de l'accaparement de nos terres par Tozzi Green auront des conséquences graves ». Les populations ont faim et les coutumes des Bara sont bafouées. (1) Les réactions des medias à cette conférence de presse ont été diverses : certains n'en ont pas parlé, d'autres l'ont relaté sans citer le nom de la société incriminée, quelques-uns l'ont rapportée en accusant les représentants des villageois d'être des complices des dahalo (bandits, voleurs de zébus).

Par ailleurs, le 18 novembre, 350 habitants de 17 Fokontany de la commune d'Ambatolahy ont signé une pétition qu'ils ont adressée aux autorités locales et nationales pour leur demander d'intervenir afin d'empêcher l'extension des plantations et d'éviter les expulsions qu'ils risquent de subir dans les zones convoitées par Tozzi Green et par la société indienne Landmark.

Ces plaintes rejoignent les propos et revendications des habitants des villages de Satrokala, Andiolava, Soatambary et Ambatolahy dont le Collectif TANY a reçu des témoignages. Ils ont dit avoir hérité des terres de leurs arrière-grands-parents qui avaient cultivé là selon les coutumes ancestrales. Ces terrains ne sont pas titrés et bornés mais constituent des possessions familiales coutumières depuis plusieurs générations. Ces terres renferment aussi l'histoire de leurs ancêtres. Si l'Etat les leur prend de force, ils seront perdus, leurs descendants seront décimés car ces terres sont des zones de pâturages de leur bétail et les revenus provenant de l'élevage de zébus leur procurent leur nourriture et remplacent leur salaire. C'est grâce à cela qu'ils ont pu envoyer leurs enfants à l'école. Certains champs de cultures sont devenus inutilisables. Le labour des terres par les tracteurs a rendu impossible le passage des zébus à travers les champs. Le jatropha n'est comestible ni pour les zébus, ni pour les enfants ni pour les familles, disent-ils. Ils demandent donc à l'Etat d'avoir pitié d'eux et de les protéger.

Certains villageois ont accepté les demandes de la société, ont-ils ajouté, et ceux qui ont résisté ont reçu des menaces. On leur aurait promis différentes compensations dont ils n'ont pas vu l'effectivité. Ils parlent tous de la nécessité de défendre leurs droits, leurs terres, leur source de revenu traditionnelle, leur patrimoine culturel.

Les principales victimes sont les éleveurs de zébus des zones pastorales
En effet, une grande partie de la population du plateau d'Ihorombe est constituée par les éleveurs Bara et les grands espaces à perte de vue que certains citadins considèrent comme des zones inoccupées sont les zones de pâturage de leurs zébus. Certains pays respectent et gèrent parcimonieusement ces zones pastorales à travers une Charte ou un Code Rural mais les dirigeants et décideurs malgaches successifs les ont négligées. Que la société Tozzi Green et ses cadres méprisent la culture traditionnelle des populations, on pourrait ne pas s'en étonner, mais il est inconcevable que les autorités locales et centrales ne les protègent pas car des responsables de l'Etat malgache avaient ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (2). 

Actuellement, sur les 8 000 ha déjà accordés, 2 000 ha seraient exploités, « le projet enregistre 170 employés permanents et environ 2.000 mains-d'œuvre saisonnières dont plus de 50% sont originaires de la région Ihorombe » rapporte un journal (3) suite à la campagne de promotion de Tozzi Green. Les bénéfices en termes d'emploi sont minimes par rapport aux dégâts économiques, sociaux et culturels.

De nombreuses questions sur les transactions et les engagements :

La société Tozzi Green aurait loué le terrain des pépinières à des particuliers et contracté un bail emphytéotiques avec l'administration, la durée de ce bail citée dans les articles de presse est quelquefois de 25 ans, d'autres fois de 35 ans. Une transparence et une mise à disposition de tous les citoyens de toutes les clauses du bail s'avère nécessaire.

  • Sur combien d'hectares portent les contrats actuels ?
  • Comment sont formulées les procédures et les conditions d'extensions progressives de la mise à disposition des terres pour la société ?
  • Quels critères sont utilisés par le Comité de Pilotage (4) pour évaluer les réalisations et décider d'approuver une nouvelle extension ?
  • Que cache l'incongruité« 2 000 ha toujours en phase d'essai » ? (5) 
  • Les citoyens doivent être informés du contenu intégral des contrats : quelles autorités les ont signées, quelles compensations y sont prévues ?
  • Quel sort y est réservé aux populations qui vivent sur ces terres selon le droit coutumier ? ..…
  • Le plateau d'Ihorombe de 2 000 000 ha va-t-il être accordé en totalité ou en grande partie à Tozzi Green ou à d'autres sociétés d'agro-business ?
  • Quelles surfaces vont être prévues pour les paysans et leurs descendants pour le développement de leur agriculture familiale et de leur élevage extensif ?
Une information éclairée des communautés concernées et la prise en compte de leurs pratiques et des intérêts des populations par les divers responsables de l'Etat pour améliorer réellement le bien-être de la majorité des Malgaches nous semblent indispensables pour aboutir à un développement équitable et durable.

Ces questions intéressent au plus haut point non seulement les autorités centrales et locales, les notables et populations des différents villages concernés mais également l'ensemble des citoyens de toutes les régions de l'île. Ce qui arrive dans l'Ihorombe interpelle tous les citoyens car la surface concernée y est la plus importante connue dans le cadre de l'opacité qui règne sur les transactions foncières et l'accaparement de terres à Madagascar actuellement. Surveiller ce qui s'y passe et refuser tout ce qui est inacceptable pour ne pas créer de précédent devient un enjeu d'envergure nationale - voire internationale -, en plus de la défense des droits d'usage et de la culture des populations de la région. 

Une vigilance sur les produits du sous-sol très riche de cette zone s'impose également.

Les communautés d'éleveurs se mobilisent et sollicitent une meilleure considération des dirigeants de l'Etat. Au mois d'octobre 2012, après un voyage en Europe, une haute autorité de l'Etat chargée du Foncier est passée dans l'Ihorombe pour réceptionner une voiture tout-terrain et des ordinateurs destinés aux services des Domaines et de la Topographie « résultat d'une collaboration avec Tozzi Green » (6). Le passage de cette haute autorité dans la région aurait-elle coïncidé avec une nouvelle extension des zones attribuées à Tozzi Green et accru l'inquiétude légitime des populations ? Lorsque par ailleurs la communication puissante de Tozzi Green annonce la mise en place par cette société à Satrokala d'un BIF -Birao Ifoton'ny Fananan-tany, guichet foncier - qui va gérer la délivrance de certificats fonciers sur les propriétés privés non titrées (4) - l'on ne peut qu'être indigné par le conflit d'intérêts qui est en train de monter en puissance au niveau de la gestion des terres dans la région avec la bénédiction des autorités centrales. 

Soutenons les populations qui défendent leur patrimoine !

Non à l'intimidation des citoyens de l'Ihorombe qui ont osé demander l'arrêt de l'extension des terres accordées à la société Tozzi Green !

Réitérons avec insistance la demande de transparence totale sur le contenu des contrats signés par l'Etat car ils engagent et brident l'avenir des générations présentes et futures ! 

Il est temps d'arrêter l'accaparement des terres à Madagascar !


Paris, le 27 novembre 2012

Mamy Rakotondrainibe

Voir aussi les 2 articles sur ce blog :  
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Mise à jour ce 12.04.2016 :
"Tsy mahay taratasy" (12mn23) 

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Mise à jour ce 05.04.2017 :
   5 ans après la rédaction de cet article, voici une vidéo permettant d'avoir un aperçu des réalisations de l'entreprise Tozzi Green..


       Le paysage de Satrokala tout blanc comme s'il a neigé ! Mais il s'agit tout simplement d'une pluie de grêles.


                   
    Janvier 2017 (photos Tozzi Green)



    09 Juin 2016 (photos Tozzi Green)





    jeudi 1 novembre 2012

    Fara-Veloma ou Departures

    Ceux qui nous ont quitté - Système parental

    sont commémorés en ce 01 et 02 novembre...

    Rappelons que chez les Bara, le traitement des défunts fait l'objet de protocole richement détaillé.

    voir l'article : "Système parental"
    Il en est de même sur une autre île, le Japon. Ce pays où l'on naît shintô et l'on meurt bouddhiste...
    Voici un film qui illustre ces derniers moments émouvants. Ni macabre, ni sensationnel. Emotions et de l'humour en plus. Le violoncelle est un cadeau supplémentaire.


    A voir et à revoir... pour "penser autrement la mort" selon Merleau-Ponty.

    Voir la bande annonce 2mn13 - (désolé pour la pub qui précède)


    dimanche 21 octobre 2012

    Tangalamena et future Constitution malagasy

    Débat TV Plus Juridiction
    Les Instances judiciaires du Royaume Bara sont résumées à la page du site LesBaraDeMadagascar

    Le débat de TV PLUS en date du 5 octobre 2012 sur la future Constitution malagasy a évoqué l'éventuel rôle des Tangalamena.

    FLORILEGES :

    • a posé la question "Quelles sont les lacunes depuis la 1° République" 
    • déplore "le manque d'éducation des citoyens, futurs électeurs" 
    • souhaite "la valorisation des Tangalamena" tout en se demandant "quel est l’ancrage des tangalamena ?" et de poursuivre "ne peuvent-ils pas être membre du comité électorale ?" et enfin, comme ils sont respectés "ne peut-on pas leur confier des missions éducatives ?" 
    • constate que "la mentalité malgache favorise l'harmonie du vivre ensemble mais freine le développement" autrement dit "mampihavana fa tsy mampandroso”
    • et de rajouter "kolo-tsaina : miteny am-badika ihany = mila fitaizana izany..."
    • remarque "Il est difficile de traduire en malgache ETAT FÉDÉRÉ"
    • condamne le "Fanjakana fohibe" ou "Pouvoir central à décision unique"
    • souhaite “la valorisation des intellectuels”
    • rappelle "la 4° crise malgache ne vient pas de la personne des présidents successifs, mais de la pauvreté qu'ils ont généré. Donc, changer de président n'est pas la solution miracle" autrement dit "tsy ny olona ny problème fa ny RAFITRA"
    • rappelle que "Dinika Santatra a été reconnu par 80% des voix"
    • pense que "10 ministres seulement suffisent"
    • propose "L'Etat parlementaire contre le pouvoir unique"
    • explique que : "la crise n'entraîne pas la pauvreté mais c'est la pauvreté qui génère la crise politique malgache"
    • a cité "le cas Remenabila de Betroka"
    • explique le non sens du tribalisme et que "le débat côtiers/merina n'a pas de sens. Par exemple, les habitants du Plateau de Ihorombe (Bara) ne sont ni merina ni côtiers..."
    • et de rajouter "tous les citoyens font partie de la société civile" donc “société civile daholo rehefa tia firenena” 
    • évoque la nécessité d'un “pack cohérent" 
    • déplore "faute de budget (tout dépend de la présidence) les députés sont inefficaces" et leurs missions se transforment en meeting-abattage de zébu-distribution d'alcool comme l'évoque le Pr Andriantseheno."
    • explique "qu'il n'y a pas de place pour le tribalisme"
    • et de poursuivre que "tout le monde peut proposer une Constitution - des modèles existent déjà - mais c'est son application qui est difficile" en malgache "samy mahay manao Constitution daholo misy modèle fa fampiarana azy no olana”
    • en terme de budget "le transfert concomitant de compétences et de ressources (35% ou 45% des ressources financières) doivent être donner aux 6 provinces autonomes" 

    Voir le débat
    Conclusions : 
    • Le débat était de qualité
    • La prise de conscience des intellectuels malgaches n'est pas à remettre en question
    • La grosse lacune est l'ignorance des citoyens (75% de paysans qui n'ont pas accès à l'information - donc à l'éducation citoyenne) et qui votent pour "celui qui offre un zébu et de l'alcool"
    • Les média doivent être plus ouverts à la société civile (comme cette émission) mais non réservés à ceux qui ont déjà le pouvoir politique ainsi que l'argent et l'armée de leur côté.

    Avant de vous proposer un modèle de "pack constitutionnel" il est utile de savoir ce que c'est un Tangalamena : 

    Lire Persée 

    rajouté ce 19.05.2015

    rajouté ce 19.05.2015

    rajouté ce 19.05.2015


    rajouté ce 19.05.2015

    Pour revenir, au débat télévisé, le rôle et l'utilité de l'armée à Madagascar peuvent-être de nouveau soulevés.

    Suggestion :
    • Régime parlementaire
    • Premier Ministre désigné par le Parlement
    • 10 ministres
    • Mandat présidentiel unique
    • Présidence tournante ( Gouverneur d'un des 7 provinces)
    • Réhabilitation des Tangalamena légitimés par les Fokonolona
    • ...
    • Suppression de l'armée et de la police (remplacée par une Gendarmerie maritime, aérienne et terrestre)
    Pas d'armée = Utopie ?


    28 pays le vivent déjà... et la plupart sont des îles. Vous constaterez en fin de liste que ... le Japon y figure !


    Lire l'article
    Intéressons-nous au cas du Costa-Rica pour voir les avantages et les inconvénients, après 60 ans d'abolition de son armée.


    lire l'article
    Effectivement, en décembre 1948, après 44 jours de guerre civile et plus de 2 000 morts, la «proscription de l’armée comme institution permanente» fut ensuite votée et intégrée dans la Constitution de 1949.
    Depuis les deux tentatives d’invasion fomentées par des opposants depuis le Nicaragua, en 1949 et en 1955, jamais le Costa Rica n’a été inquiété. après 1948, l’ancien corps militaire s’est transformé en garde civile. «On compte 10 500 policiers, précise la ministre de la Sécurité, avant de confier que le budget de son ministère va augmenter de 35 % en 2009. 

    Avantages
    • En à peine dix ans, l’espérance de vie a décollé, le taux de mortalité due aux maladies bénignes a chuté et l’éducation a fait un bond incroyable. ("nous allons arrêter d’acheter des armes pour payer plus de professeurs et de médecins.»)
    • La suppression de l’armée permet chaque année de financer l’ensemble des universités publiques du pays et trois hôpitaux. Aujourd’hui, le pays connaît un taux d’alphabétisation de 96 %.
    • Le pays se situe au 48e rang mondial (indice de développement) alors que son voisin, le Nicaragua est au 110e et le Guatemala au 118e.
    • Le Costa Rica est un pays tranquille, c’est le plus stable et le plus démocratique d’Amérique centrale
    • En 1985, alors que l’Amérique centrale était en feu avec des guerres au Guatemala, au Salvador et au Nicaragua, et face à la menace que cela pouvait représenter pour le Costa Rica voisin, une enquête fut menée auprès de la population pour savoir si elle souhaitait un retour de l’armée. La réponse a été «non» à 90 %.
    Inconvénients : 
    • Sentiment d’insécurité d’une population qui, depuis dix ans, achète de plus en plus d’armes afin de se protéger elle-même. «170 000 armes à feu sont enregistrées au Costa Rica. Pour 4 millions d’habitants, c’est beaucoup et c’est un problème"
    • Dépendance des USA...
    Alors, pourquoi ne pas envoyer une petite délégation à l'Île Maurice pour toucher de la main leur expérience (ça coûtera moins cher qu'aller au Costa-Rica ou au Japon) et qui ne dépendent de personne, toutefois, il existe au sein du corps de police une force spéciale mobile chargée d'assurer la défense du pays aux côtés des gardes-côtes 

    “A sa justice, on mesure la liberté d’un peuple” Abbé Raynal

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    Mise à jour ce 01.07.2015 :

       Voici un article qui remet en cause le bien-fondé de cette pseudo-armée. 


    (lire l'article)
       Elle servirait plutôt à maintenir les pouvoirs en place, juste pour mater des paysans, alors que les réels trafiquants (de zébus ou de bois de rose) n'ont aucun soucis à se faire...
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    Mise à jour ce 25.10.2015 :

       Au lieu d'avoir peur la gendarmerie devrait faire preuve d'initiative en  proposant la refonte de tous les autres corps d'armées en une super gendarmerie maritime, aérienne et terrestre pour mutualiser leurs forces, mieux coordonner et enfin réduire le budget en évitant les redondances. 


    (source)
       Article publié le jeudi 10.09.2015 :

       "Effervescence et même panique chez les officiers de la Gendarmerie nationale, depuis les annonces de ces derniers jours sur la dissolution ou la suppression de leur corps.

       Les exactions répétées des éléments de la gendarmerie, ces dernières semaines, ont conduit à une multiplication des déclarations de ce genre. Chez les tenants de cette thèse, le plus offensif est le député Mapar d’Ikongo, Jean Brunelle Razafitsiandraofa, dont les propos sont les suivants : « Dissolvez la gendarmerie car elle devient une force de répression qui s’en prend surtout à la population… ». Réaction épidermique du député de Betroka, Randrianasolo Jean-Nicolas, ex-gendarme et actuellement président de la Commission Défense et Sécurité à l’Assemblée nationale : « Je mets en garde ceux qui réclament la suppression de la gendarmerie. Car ce corps a été mis en place de la façon la plus légale par un décret de 1960… ». Le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le général Didier Paza, intervient dans le débat d’une manière plutôt modérée : « Il ne faut pas lancer à la légère de tels propos. Car suite à cela dans nos casernes, les officiers et les sous-officiers se réunissent ici ou là… ».

       De fait, les renseignements indiquent que dans les camps et ailleurs, les officiers de gendarmerie se réunissent et débattent de la situation de leur corps. En premier lieu, cette question de la suppression qui les plonge dans le désarroi car met en cause l’existence même de leur corps. Mais aussi les « nouveautés » qui surviennent actuellement et qui annoncent des lendemains incertains pour les membres de la gendarmerie, tous grades confondus : gendarmes arrêtés et traduits devant la justice pour délits (trafic d’armes, kidnapping, braquage, etc.), ou devant le conseil de discipline pour insubordination, faute professionnelle ou intempérance (excès de boisson).

       En tant qu’auxiliaires de la justice, les gendarmes jouissaient jusqu’ici d’une certaine impunité et les tribunaux passaient volontiers la main sur leurs infractions. A présent, une ère lourde de menaces et de danger semble s’ouvrir devant eux… Comme les rassemblements actuels, plus ou moins dissimulés, pourraient faire passer les officiers et les sous-officiers pour des comploteurs, la hiérarchie devrait organiser des séminaires qui leur permettraient de se pencher sans risque sur leur sort. En effet, les temps nouveaux font naître chez eux des préoccupations tout à fait justifiées.

       Il serait abusif de tirer parti des brutalités récentes pour revendiquer la dissolution de la gendarmerie. D’autant que la hiérarchie entreprend actuellement de châtier les fauteurs d’excès, et donc d’éliminer ces violences odieuses. Néanmoins, la suppression de la gendarmerie ne devrait pas être un sujet tabou. Par exemple, est-il profitable de maintenir côte à côte deux corps qui font doublon, la gendarmerie et la police ? N’est-il pas mieux indiqué de rompre avec une situation héritée de la colonisation, et de fusionner, par exemple, ces deux corps qui ont les mêmes missions et les mêmes attributions ? Comme c’est le commissaire de Police Razafitsiandraofa Jean Brunelle qui réclame la fin de la gendarmerie, et comme ce sont des policiers qui ont, la semaine dernière, confondus deux gendarmes trafiquants d’armes, la situation ne risque-t-elle pas de     déboucher sur une confrontation entre les deux corps ?

       Voilà des questions qui devraient se poser à l’Armée, à la Gendarmerie et à la Police, mais aussi à tous les citoyens soucieux de l’intérêt national".
    A. R.

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    Mise à jour ce 07.05.2017 :

       Dinabe d'Ankazoabo...

    (source)

       "Une situation qui profite aux malfaiteurs. Face à la situation qui prévaut, les populations de la région Atsimo-Andrefana, surtout du district d’Ankazoabo, ont décidé en 2016 de s’en sortir par des moyens basés sur les coutumes et les pratiques traditionnelles. L’application du « dinabe » ou pacte local de sécurité à base communautaire, après avoir eu le feu vert du chef de la région et l’homologation du ministère de la Justice, ce système a été le cheval de bataille, pour lutter efficacement contre ce fléau. Ce qui a fait baisser le nombre des actes de banditisme durant quelques mois dans la zone.

       L’insécurité dans le district d’Ankazoabo ne date ni d’aujourd’hui, ni d’hier. Cette partie de l’ile est depuis toujours considérée comme zone rouge, en matière d’insécurité, une étiquette qui lui colle à la peau jusqu’à présent. Dans ce chef-lieu de district, de jour comme de nuit, les risques d’insécurité sont partout. La principale raison réside dans sa position géographique et par son relief, considéré comme le refuge idéal et privilégié des dahalo dans le Sud-ouest de Madagascar. De plus, cette zone se situe entre deux districts, Beroroha et Sakaraha, où le taux d’insécurité rurale est aussi élevé, notamment en matière de vols de bovidés. Malgré la multiplicité des opérations de sécurisation initiées par l’État, l’histoire des vols de zébus accompagnée de violence et de meurtre se perpétue de façon chronique dans cette zone.

       Selon les habitants, les moyens des forces de l’ordre sont toujours voués à l’échec car de telles actions sont limitées et insuffisantes et en outre, la pérennisation de la lutte contre le banditisme requiert aussi  de la volonté pour réprimer, mais surtout pour sensibiliser en vue de l’autodéfense villageoise et l’éducation citoyenne sur leurs droits et devoirs dans le domaine de la sécurité. De ce fait, quand il y a opération, la situation est maîtrisée, mais une fois, les missionnaires quittent les sites, les bandits reviennent en force et le phénomène devient un cercle vicieux. 

       Des razzias :

       Aujourd’hui, cette pratique n’a plus rien à voir avec la tradition culturelle pour laquelle le voleur est admiré voire vénéré tel un héros sportif, et qui est souvent une étape obligatoire pour pouvoir demander en mariage une femme. Le vol actuel qui a évolué, est de plus en plus lié au commerce organisé par de grands réseaux de malfaiteurs. Ainsi ces derniers temps, la population de cette zone a vécu des razzias de plusieurs centaines de bœufs, s’accompagnant de destruction de maisons, d’abattage et de mutilation d’animaux sur place, et parfois de mort de victimes innocentes.

       Et pire, ils osent même s’attaquer à des forces de l’ordre car certains « dahalo » possèdent aussi des formations en matière de tactique personnelle ou en équipe. Il serait possible que des « dahalo » soient des ex-militaires qui ont suivi des formations en ville. Bref, l’insécurité liée au phénomène de vols de bœufs constitue un important blocage de l’activité économique et un obstacle au développement humain dans ce district à vocation agro-pastorale. Ce fléau nuit gravement et, en raison des conditions d’insécurité qui le caractérisent, aboutit même à la réduction des surfaces cultivées. « Nous avons abandonné nos cultures et notre élevage de peur d’être la cible des Dahalo », se plaint un habitant d’Ambalamarina, une bourgade prés d’Ankazoabo-Sud.

       D’où le « Dinabe ». Mais ces derniers temps ce système a accumulé des critiques pour abus contre les droits de l’homme, d’autant qu’il impose des peines sévères bien au-delà de l’étendue de la loi formelle suite à son homologation, sans procès équitable. Dans certains cas, des citoyens se sentent investis d’un pouvoir par le Dinabe pour commettre des lynchages ou participer à  d’autres formes de justice collective contre des individus soupçonnés, à tort ou à raison, d’être des criminels. Adoubé par la réussite de leurs opérations de ratissage et de leurs statuts d’agents d’autodéfense communautaire pour la mise en œuvre du pacte de sécurité, ils ont pris carrément le nom de «Dinabe».

       Ainsi, dans plusieurs communes d’Ankazoabo il est courant de voir ces « Dinabe » ou même des civils se munir de fusils de chasse et même de kalachnikovs en pleine rue ou en plein marché hebdomadaire du vendredi à Ankazoabo, et faire usage à leur guise de leurs armes, au même titre que les forces de l’ordre, sans être inquiétés. Interrogé sur cette nouvelle donne, un agent des forces de l’ordre se dit offusqué de la situation « Dans le contexte sécuritaire actuel à Ankazoabo ce sont les Dinabe qui dictent leur loi. Nos chefs hiérarchiques s’abstiennent de nous donner des ordres pour maintenir la sécurité, pour des raisons qu’on ignore », déclare-t-il.

       L’ex-député d’Ankazoabo- sud Mamy Benoit décrie cette situation comme un manque de collaboration entre les deux parties « Le principe de Dinabe n’est partiellement efficace sans la coopération des parties prenantes, or la situation est telle que l’insécurité s’amplifie de jour en jour dans notre localité. » Devant la tournure des événements le chef de la région d’Atsimo-Andrefana, le colonel Jules Rabe a pris les taureaux par les cornes. Il s’est déplacé à Ankazoabo la semaine dernière pour établir un nouveau règlement concernant le Dinabe, impulser un nouveau souffle et dynamisme dans la lutte contre l’insécurité dans cette zone et essayer de mettre sur la même longueur d’onde tous ceux qui sont touchés par le maintien de l’ordre. Ainsi, on évitera la moindre faille et toutes formes de confusions et  incompréhensions qui profitent aux malfaiteurs."

    Francis Ramanantsoa



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    Mise à jour ce 13.05.2018 :



       L'éternelle question : quelle sera la posture de l'armée en ces moments mouvementés de la politique malgache ?

       "Par ailleurs, on connait le rôle important qu'a joué l'armée en période électorale dans le passé. Hier, les policiers ont été les premiers à quitter la place de l'Indépendance ; ils ont aussi été les premiers à battre en retraite lors des affrontements avec la population samedi. Etonnante, aussi, cette déclaration de pacte de non-agression prononcée de concert entre l'opposition et le numéro 2 des forces d'intervention de la gendarmerie, samedi après-midi".


    (lire l'article)
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    Mise à jour ce 03.09.2018 :


    (source)

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         Non seulement ces officiers supérieurs sont gros et gras pendant leur activité mais ils ont de drôle d'occupation après...

    (lire l'article)